Routiers, tous les soldats l’étaient à cette époque, l’armée permanente étant encore bien loin.
L’un des traits frappants de Guesclin c’est son authentique popularité. Dans un temps où les soldats étaient synonymes de danger de quelque parti qu’ils étaient, et devaient vivre sur le pays, lui était aimé.
Guesclin s’est distingué par sa fidélité au parti de Blois d’abord, au royaume de France ensuite, contrairement à de nombreux opportunistes et aventuriers. Donc on ne peut pas dire qu’il se battait pour le plus offrant.
Troisièmement, il a réintroduit la notion d’efficacité dans la guerre ce qui lui vaudra des succès inespérés dans un temps où les Français paraissaient maudits sur le champ de bataille.
Rappelons l’interdiction de reculer demandé aux chevaliers de l’ordre de l’étoile, créé en 1351 par Jean le Bon. Cette noble et stupide instruction empêchera tout mouvement tactique dans les affrontements et en fera perdre beaucoup.
Guesclin, tout comme Charles V qui se méfie des grandes batailles (et pour cause !), est un pragmatique. Mais c’est avec leurs nouvelles méthodes que la France pourra prendre une revanche.
LIAISONS-TRANSMISSIONS.
C'est encore un point de très nette régression par rapport à l'époque romaine.
Au plan tactique: La raison essentielle est la même que celle des défauts du Commandement sur le champ de bataille : si le chef de l'armée prend place systématiquement au premier rang dans la mêlée, toute vue d'ensemble lui échappe et il a déjà fort à faire pour combattre. Dans ces conditions il n'a même pas à prévoir un système de liaisons qui lui permettrait de recevoir des informations et d'envoyer des ordres.
En définitive, outre les facteurs du courage et du nombre le gain d'une bataille peut souvent revenir à l'initiative heureuse d'une de ces formations très généralement méprisée que sont les gens de pied.
Ce n'est que peu à peu, au cours de la Guerre de Cent Ans - et après bien des revers qui eussent pu être évités - que cette désastreuse pratique commença à diminuer.
Un du Guesclin donne l'exemple et entraîne ses gens quand il le faut; mais il sait aussi se tenir informé de l'évolution de la bataille, envoyer des ordres, faire donner les réserves à bon escient : à Cocherel - 1364 - par exemple, il réserve 200 hommes d'arme - malgré leur impatience - et les lance dans une charge de flanc au moment opportun. Cette charge surprend totalement l'armée anglo-navarraise, et sera décisive pour son écrasement malgré le faible nombre de ces cavaliers.
Le Connétable, un des premiers en France, a compris que la guerre n'est pas un de ces tournois, supervisés par le chevalier-d'honneur arbitre, c'est à dire une belle geste mais une affaire qui engage l'avenir pour longtemps (Du Guesclin, ailleurs, se verra reprocher, plus ou moins ouvertement, par ses compagnons d'arme sa tendance systématique à utiliser le renseignement, la surprise et la ruse).
http://www.stratisc.org/act_bru_hisguerre_Ch5.htm
Quant à la fidélité supposée de la Bretagne à l’Angleterre…

On ne pourra pas étayer cette idée sérieusement. La guerre de succession de la Bretagne est une question féodale. Le parti de Montfort a trouvé des alliés là où ils le pouvaient.
Le truc classique de tous les petits partis minoritaires qui n’hésitent pas à mettre en danger l’ensemble de la communauté en faisant appel à un puissant allié étranger. La perte de Byzance et de l’Espagne Wisigothique s’est passé comme ça aussi : un prince dissident a fait appel à de puissants voisins, avec le résultat qu’on connaît.
Là heureusement les choses ont pu être sauvées mais il était moins une. Je cite Jean Favier :
"
Les Anglais tenaient la Bretagne et la mettaient en coupe réglée, sans manifester le moindre souci des intérêts de leur protégé, le duc Jean IV, fils de Jean de Montfort et de Jeanne de Flandre."
Guesclin est une figure sympathique mais notre époque n’aime pas les héros. C’est un problème psychologique et non historique car les faits sont là.