Ca fait du bien de se savoir lu en tout cas et de constater que ce fil suscite questionnements et rectifications !
Effectivement Hildebrand moine toscan est le futur Grégoire VII.
Concernant Mathilde, comtesse de Canossa, tu en as fait une bonne présentation. Je n’ai pas le temps d’être exhaustive et j’illustrais ci-dessus uniquement le relent de misogynie inhérent à la réforme, dans le clergé.
Concernant l’attitude de Grégoire envers Mathilde et le concept de misogynie, je voudrais dire deux trois choses.
- Tout d’abord, il faut distinguer théorie et pratique. La plupart des textes sont rédigés par des membres du clergé éloignés de la réalité de la vie. On théorise sur « la femme » mais « les femmes » restent toujours un élément essentiel de la société et leur position varie selon leur fonction et surtout leur statut social.
- Du fait du statut social vient une autre distinction, si Hildebrand en tant que moine a pu avoir des positions fermes envers la femme, la pratique du pouvoir pontifical oblige à envisager la réalité, notamment politique. Et Mathilde est un personnage politique de premier plan qui prend parti pour une réforme de l’église. De ce soutien théologique mais aussi financier et militaire comme tu l’as mentionné, résulte une collaboration bénéfique à la papauté. Pape d’ailleurs originaire de la même région. Ca peut avoir son importance dans les luttes pour le pouvoir internes à l’Italie entre grandes familles. Et dernier détail, le poids politique de Mathilde est post mortem puisque papes et empereurs s’affronteront quant à son héritage….
- Et enfin, j’ai développé dans le message ci-dessus les indices d’un relent de misogynie mais ce, dans des cadres précis et selon une hiérarchie particulière. J’aurais du développer un peu plus mais en fait la misogynie s’applique envers le célibat des femmes et leur tendance innée au mal si elles ne sont pas encadrées par des principes matrimoniaux, de veuvage, voire, le best, par une règle monastique virginale. En résumé méfiance envers la femme sauf si elle rentre dans les cadres que l’église lui impose. Or Mathilde épouse et surtout veuve, quoi de mieux pour une église qui cherche à promouvoir ces modèle qu’une noble dame toute entière dévouée à la religion ?
Quant à l’accusation d’être entouré d’un sénat de femme, cela ne peut être révélateur d’un phénomène plus vaste d’intégration des femmes à la réforme. Il s’agit de trois figures féminines tout au plus au milieu d’une myriade d’ecclésiastiques. Nul besoin de rappeler que c’était des femmes de pouvoir de premier plan. D’autre part, c’est l’empereur Henri IV qui lance cette remarque. Dans un contexte de tensions extrêmes, c’est une marque d’hostilité mais non une assertion véritable.
D’autre part si les historiens ont étouffé certaines figures féminines, ils ne peuvent pas non plus ressusciter l’histoire de la majorité de ces femmes. De même pour les figures féminines évoquées dans les messages précédents, il faut les considérer comme des objets d’études, des personnages importants, des signes de l’air du temps mais en aucun cas d’un référentiel global.
Et comme d'hab, tout ce que j'écris n'est pas vérité immuable et appelle reflexions, rectifications etc.

L'homme n'est pas entièrement coupable: il n'a pas commencé l'histoire; ni tout à fait innocent, puisqu'il la continue. Camus