En réalité les indices sur la condition féminine émanent quasi exclusivement de sources religieuses. Mais est-ce à dire que la religion est la seule à se préoccuper de donner une place aux femmes dans la société médiévale? Pour la cadrer ou pour l’élever?
Je commence avec une légende, celle qui circule depuis des siècles et qui s’est retrouvée il y a quelques années dans un discours de Ségolène Royale.
La légende du Concile de Mâcon (585) : l’Eglise y a débattu de l’existence de l’âme de la femme.
Un concile élabore des statuts, or pas de trace de canons à ce sujet. Seule mention dans l’ Histoire des Francs de Grégoire de Tours :
Les thèmes se succèdent (repos dominical, mise en place de la dîme, questions de préséance…), lorsqu’un évêque se lève et fait une digression.
« Une femme ne peut pas être dénommée homme ; mais toutefois il se calma, les évêques lui ayant expliqué que le livre sacré de l’Ancien Testament enseigne qu’au commencement, lorsque Dieu créa l’homme, « il créa un mâle et une femelle et il leur donna le nom d’Adam », ce qui signifie homme fait de terre, désignant ainsi la femelle aussi bien que le mâle : il qualifia donc l’un et l’autre du nom d’homme. D’ailleurs le Seigneur JC est appelé fils de l’homme parce qu’il est fils d’une vierge c'est-à-dire d’une femme, et lorsqu’il s’apprêta à changer l’eau en vin, il lui dit : « qu’y a-t-il entre moi et vous femme ? »etc. Cette question ayant été réglée par beaucoup d’autres témoignages encore, fut laissée de côté. »
Il s’agit donc d’un problème de vocabulaire, et cet évêque se prend les pieds dans son latin. Episode symptomatique du déclin de la culture générale des ecclésiastiques de l’époque.
Toutefois c’est le point de départ d’une théorie sur l’âme de la femme.
Le Moyen Age n’en fait pas écho par la suite, et l’ambiguïté reprend au XVIè. Durant les guerres de religion puis dans les mouvements anticléricaux du XVIIIè et XIXè, féministes…
Le mythe fait partie des légendes qui perdurent, mais révèle le contexte qui génère des tabous. Il a contribué à mettre un voile sur la réalité de la condition de la femme au MA, et à renforcer l'obscurantisme présumé de cette période.
A compléter, corriger, poursuivre...
