de ugbashkylar » 09 Juil 2006 12:42
Non, Reinach ne s'intéresse pas qu'a l'aspect mythologique. Ce gros volume, intitulé "culte, mythes et religions", regroupe en fait de nombreuses études, ainsi que des discours faites devant publique, et s'intéressant à de nombreux thèmes. Ce travail sur Gilles de Rais est un mémoire pour l'académie.
Alors, voici la "plaidoirie" de Salomon Reinach :
Gilles de Rais, Après avoir guerroyer de nombreuses années, reviens dans les terres familiales s'occuper de ses vastes propriétés (en Bretagne, Anjou et Maine). Maître d'une immense fortune territoriale, encore accrue, dés 1420, par son mariage avec la riche héritière Catherine de Thouars, il mena dés lors une vie fastueuse de grand seigneur, ami des lettres, des magnificences du luxe et de l'art. On sait q"uau cours d'une visite à Orléans, il dépensa en quelques mois 80 000 couronnes d'or (deux cents cavaliers, serviteurs, pages, prêtres et bouffons). Gilles dépensait bine au delà de ses revenus et se trouva bientôt obligé de recourir aux emprunts. Sa femme et son frère, s'alarmant de ses prodigalités, firent même appel à Charles VII qui fit publier un ordre avec défense d'aliéner ses biens et interdiction àa toutes personne d'en acquérir... Le duc Jean V refusa de le publier en Bretagne (tiens, tiens...)
Gilles, comme plus d'un pape, s'adonna à l'alchimie. Ou plutôt s'enticha d'un alchimiste Florentin, Francesco Prelati, qu'il installa luxueusement chez lui, croyant dur comme fer (comme la plupart de ses contemporains) que bientôt l'alchimiste lui apporterai le moyen de transformer les métaux en or. Ce Prélati est un escroc, comme il sera prouvé plus loin. Il jouera un rôle décisif dans le procès de Gilles de Rais.
Là commence notre affaire.
Fait 1) 1438 : Gilles de Rais à besoin d'argent et vend des terres et utilise un système particulier : il vend à bas prix quelques très belles terres, mais se réserve le droit de les racheter au même prix pendant six ans. Les contre-lettre des acquéreurs existe toujours, et l'un des acquéreurs n'est autre que le Duc de Bretagne Jean V (tiens, tiens....). Jean V était secondé, dans sa politique, par Jean de Malestroit, chancelier de Bretagne et évêque de Nantes. Lui aussi avait acquis des biens de Rais, soit directement, soit par personne interposé.
Fait 2) Malestroit, personnage influent, avait d'autres raison de haïr Gilles de Rais : En 1426, Malestroit, alors allié des Anglais et à leur solde, participa à la déroute Saint-Jean-de-Beuvrons, où Gilles, servant le connétable de Richemont, dut fuir devant les Anglais. Malestroit fut arrêté et recouvra difficilement sa liberté. Un contentieux existait donc entre les deux hommes.
Fait 3) Début 1440 : Gilles se brouille avec les hommes d'église : ses gens d'armes avaient portés la mains sur un clerc et s'étaient emparé d'un château vendu à un prête-nom du duc de Bretagne. Le duc reprit le château par la force. Pourtant, au mois de Juillet, les choses s'étaient arrangé et Gilles alla rendre visite au duc de Bretagne qui le reçu très cordialement. Dés le 30 Juillet, sans doute avec l'autorisation du duc, Malestroit commence l'instruction qui devait perdre Gilles. Il répand dans le pays un monitoire et recueil, selon lui, certains bruits très graves mettant en cause Gilles de Rais. En fait huit témoignage, émanant du bas peuple, dont sept femme demeurant à Nantes, se plaignant d'avoir perdue leur enfants et accusant Gilles.
Fait 4) Le 13 septembre, l'évêque invita Gilles à comparaître devant lui le 19. Dans la sommation, il évoque pour la première fois tous les crimes indiqués par la suite, ajoutant, sans préciser, que "certains crimes ayant saveur d'hérésie". Il y'a là une indication forte pour la suite : Malestroit est évêque, il n'a aucune autorité pour juger les crimes de personne, il ne peut que juger les crimes contre la foi, avec le concours d'un inquisiteur. En parlant d'hérésie, l'évêque de réserve déjà une porte d'entrés pour un procès d'inquisition, ou l'accusé n'a, rappelons le, pas le droit à un avocat. Malestroit envoi ainsi un signe fort aux commères, à tout ceux qui aiment les scandales et les histoires sombres. L'affaire est lancé.
Fait 5) Gilles se rend le 19 à la comparution. Il entend se justifier de l'accusation d'hérésie. Ce faisant, il se piège lui même : dés lors le procès devient inquisitorial.
Fait 6) Le 28, les huit témoins se lamentent de la disparition de leur enfants, enlevé, selon eux, par une femme au service de Gilles de Rais, surnommé la Meffraye (!!). On la décrit comme habillée en noire, portant chapeau et voile noire. L'aspect "légende" est ici flagrante. Et pour enlever des enfants, les attirer, avoir l'apparence d'une sorcière est un peu idiot... cette personne, on n'en entendra plus parler par la suite!
Fait 7) Le 13 Octobre, nouvelle audience : les accusations mises par écrit forment un bottin de 49 articles. On y apprend (selon des témoignages (de Prelati en particulier) que des enfants on été brûlés, démembrés, souillés... Gilles s'emporte, malmène les juges et conteste la compétence des juges. Il est excommunié et on lui donne 48 heure pour préparer sa défense. L'excommunication est la pire sentence pour quelqu'un de l'époque, très croyant. Gilles va par la suite chercher à la réconciliation à tout prix.
Fait 8 ) Prelati fait sa déposition, un ramassis d'horreur, et affirme avoir fait apparaître le diable dix ou douze fois (!). Chose troublante, de nombreux aveux de Gilles reprenne mot pour mot ceux de Prelati. A penser qu'ils sont calquée, il n'y a qu'un pas. Les dépositions les plus écrasantes, celles de Henriet et de Poitous, serviteurs, concordent jusque dans les moindres détails, aucune contradictions, aucune omissions. C' est le signe soit d'une entente entre les témoins (ils on répétés leur histoire), soit les gens chargés de relever les aveux on calqués les dires pour qu'ils concordent. Rappelons que les aveux sont obtenus soit sur la torture, soit avec la peur de la torture, et de l'excommunication.
Fait 9) Les accusations des crimes affreux sont en fait des "classiques" (viol, meurtres d'enfant, rituels...). Les païens accusaient les chrétiens des même crimes, dont les chrétiens accusaient les protestants, dont on accusa les templiers, les Vaudois, les Fraticelli, les sorcières, les Juifs et dont les Chinois accusaient les Européens.
Fait 10) Gilles entretenait de nombreux et beaux enfants dans sa chapelle, en même temps qu'une troupe de jeunes pages. Pas un d'eux ne se plaignit, ni accusa son patron. Les "témoins" des crimes ne sont ni les chapelains de Gilles, ni ses chanoines, ni ses écuyers, ni ses acteurs, ni ses hommes d'armes, ni le seigneur de Gautelon qui vivait dans son intimité, ni le prieur de Chéméré. Ce sont les aventuriers intégrés au château, qu'on à jetés en prison, qu'on accuse des même crimes, qui s'en accuse eux même, qu'on à torturé.
Le 20 octobre, Gilles est déjà perdu : il ne peut ni citer des témoins à décharge (l'inquisiteur ne l'aurait pas permis) ni nier, car on l'aurait aussitôt soumis à la torture. Néanmoins amené devant les chevalets de torture, Gilles demande un délais pour faire ses aveux, mais on lui refuse. Finalement Gilles donne sa confession. Plus que tout Gilles demande l'absolution spirituelle et on lui accorde un confesseur, énorme irrégularité dans un procès pour hérésie, l'hérétique étant excommunié ipso facto et ne pouvant réintégré l'église qu'en abjurant. Aucune abjuration ne fût demandé à Gilles de Rais... Le tribunal civil suivit le procès d'inquisitions et Gilles avoua tout à nouveau, avec la promesse d'une indulgence. Le lendemain il était brûlé.
La suite de l'histoire plaident en faveur de Gilles également :
- Les biens de Gilles sont confisqués par le duc de Bretagne.
- Sa veuve, au bout d'une année, épousa Jean de Vendôme, vidame de Chartres. (donc sa femme n'a pas souffert de la réputation de son mari, et elle n'a jamais accusé Gilles).
- Sa fille épousa un maréchal et amiral de France.(elle non plus)
- Les héritiers arrivèrent à récupéré une partie des biens par compromis.
- Roger de Briqueville, ami de Gilles qui s'était enfui dés le début du procès (ce qui aggrave les soupçons sur Gilles) obtint de Charles VII des lettres de rémission. La fille de Gilles fût l'ami dévoué de ses enfants.
- Sa famille réclama plusieurs fois la révision du procès (comme pour celui de Jeanne d'arc).
- On a apprit tardivement que Gilles en avait appelé après son arrestation, au roi et au parlement.
- Prelati fut condamné à la prison perpétuelle (!!) Il réussit à s'échapper et, sous le nom de François de Montcatin, gagna les bonnes grâces de René d'Anjou, qui recherchait la transmutation des métaux (encore...). Il enleva par la suite un trésorier de France et demanda une rançon. Il fut condamné à mort et exécuté en 1446.
Voila ce n'est qu'un résumé, il y'a d'autres petits détail que je n'est pas noté, mais qui plaident encore en la faveur de Gilles de Rais. Reste à étudier la théorie de Heers, ce que je vais faire au plus tôt.
là où il y'a la peur, il n'y a pas de religion"
Gandhi.