Je préfère mettre la réponse à Barberousse ici pour ne pas plomber le post de Foulques avec une trop grande digression.
Qu'est-ce que le gnosticisme et le manichéisme?
Bon, ça se trouve très bien sur Wikipédia, dans les dicos, encyclopédie etc.
Mais je vais essayer une synthèse.
Du temps de Jésus, beaucoup prêchent (par exemple, saint Jean Baptiste) et on parle de crise de la religion dans le monde romain (je généralise pour simplifier). Les gens aspirent à plus de mysticisme, une relation plus personnel aux dieux et pourquoi pas à un Dieu unique, mais aussi à un espoir au-delà de la mort.
Au moyen Orient, carrefour de toutes sortes de cultures, de nombreux mouvements connaissent du succès. Et notamment les cultes à mystères dont certains sont très anciens (comme les mystères d’Eleusis, culte rendu à Démeter). Ceux-ci offrent un espoir, un au-delà accessible aux plus humbles. Celui qui est le plus intéressant peut être est le culte de Mithra, dont on a déjà parlé. Cette religion se répand dans l’empire et offre des similitudes avec le christianisme (qui aura à le combattre pour s’établir, exemple, le 25 décembre est choisi pour la Nativité car naissance de Mithra).
C’est dans ce contexte que le message de celui qu’on appelle dorénavant le Christ se développe, répondant aux aspirations contemporaines. Il est donc soumis à toutes sortes d’influences et de nombreuses sectes se forment. A noter que dans ce domaine, le terme secte n’est pas péjoratif. Le christianisme tel que nous le connaissons aujourd’hui est surtout celui transmis par Paul; c’est ce qu’on peut retrouver parfois sous le terme de l’église de Paul. Mais de nombreuses autres figures diffusent une autre vision du christianisme.
Le gnosticisme est une nébuleuse (pas de leader particulier). Pas facile à saisir toutes ses dimensions et encore moins de résumer. Je renvoie donc à l’article de Wiki.
Presque tous les thèmes mythologiques et eschatologiques (domaine qui explique, théorise, donne du sens à la fin du monde) mis en œuvre par les auteurs gnostiques sont antérieurs au gnosticisme. Ce qui caractérise le gnosticisme est la façon dont ces thèmes sont réinterprétés. C’est la révélation d’une « histoire secrète », c’est un mythe total : l’origine et la création du Monde ; l’origine du Mal ; le drame du Rédempteur divin descendu sur Terre afin de sauver les hommes ; la victoire finale du Dieu transcendant, conduisant à la fin de l’Histoire et l’anéantissement du Cosmos.
Le point de départ est la considération, par l’individu, de sa situation face au monde : que suis-je, pourquoi ce monde qui me semble étranger, qu’étais-je à l’origine et comment revenir à cette situation ?
C’est la prise de conscience d’une déchéance impliquant que le Bien et le Mal sont 2 inconciliables absurdement mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine. La révolte intime contre le Mal est la preuve de l’appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde.
L’humanité est divisée en trois catégories : ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée dont la nature est esprit (les pneumatiques) ; ceux qui n’ont qu’une âme et point d’esprit, mais chez qui le salut peut encore être introduit par instruction (les psychiques) ; enfin, les êtres dépourvus d’esprit et d’âme (les hyliques) uniquement constitués d’éléments charnels voués à la destruction.
Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliéné dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes. (Cf, le bouddhisme)
Cette délivrance passe par la Gnose, la connaissance parfaite de la nature de l’esprit, des structures de l’univers et de son histoire passée et future.
Le premier aspect de la Gnose porte sur les origines du monde matériel et de l’homme, le Mal s’expliquant par la chute accidentelle d’éléments supérieurs dans un cosmos matériel, temporel et sexué au fond duquel ils se sont disjoints, dispersés et emprisonnés (sans pour autant perdre leur pureté).
Le second aspect de la Gnose vise la Destinée de l’humanité et du cosmos, aboutissant à la dissolution finale de la matière, à la libération de l’esprit et au retour à l‘unité parfaite intemporelle dont les élus, ici-bas, gardaient le souvenir.
Le monde supérieur ayant seul été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, le matériel n’en est qu’une copie maladroite. De même l’homme terrestre est l’image imparfaite d’un modèle céleste. On voit l’idée de décadence, puis de rédemption.
(Cf le mythe de la caverne de Platon)
Pour les élus, le salut peut être personnel, alors que pour les autres le rachat se fera par une eschatologie générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel.
Alors ce serai : réaliser que la perfection est divine et non dans sa création (hérésie pour les pères de l’église), que le mal est matériel et visible tandis que la pureté est abstraite et un but à attiendre dans l’ascèse.
Le manichéisme. Ben tout pareil, difficile à résumer. SOS Wiki:
La base du manichéisme est de diviser l'Univers en deux :
• d'un côté le Bien et le royaume de la Lumière
• et de l'autre le Mal et le royaume des Ténèbres
Selon le manichéisme, la Lumière et les Ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Mais suite à un évènement catastrophique, les Ténèbres envahirent la Lumière. De ce conflit est né l'Homme, son esprit appartient au royaume de la Lumière et son corps (la matière), appartient au royaume des Ténèbres.
Cette lutte entre le Bien et le Mal est le fondement du manichéisme. Pour qu'un Homme puisse une fois sa mort arrivée atteindre le royaume de la Lumière, il faut qu'il abandonne tout ce qui est matériel.
Cette doctrine est une synthèse entre le christianisme, bouddhisme et zoroastrisme (=en gros, un dieu unique mais deux essences mauvaises qui se combattent dans chaque être, yin-yang si on veut). Cet extrait est assez explicite :
Mani (initiateur mésopotamien du mouvement au IIIès) se place dans le continuum des révélations précédentes, d'Adam à Noé, et proclame que l'espoir annoncé par Jésus en Occident, Zoroastre au "centre du monde" et Bouddha en Orient, s'est maintenant réalisé en lui. Cette théorie est développée dans le Shapu-ragan, premier ouvrage de Mani, dédié à Shâpur Ier, dans lequel il suggère que la domination politique de l'Iran serait facilitée par l'adoption d'une religion universaliste. C'est la volonté d'instaurer une religion universelle qui donne toute son importance à la doctrine de Mani.
La base de l'enseignement manichéen était le dualisme. Deux principes contraires et éternels constituent le fondement de l'univers : le bien et le mal, la lumière et les ténèbres. Dieu est le maître du premier, le démon celui du second. Leurs royaumes s'étendent à l'infini, le premier en hauteur et en profondeur dans les directions du nord, de l'est et de l'ouest ; le second en profondeur seulement dans la direction du sud.
La doctrine manichéenne regardait le mal comme existant de toute éternité. Les éléments (air, terre, feu) se dédoublaient en deux natures, une bonne et une mauvaise. Elle ne voit d'opposition irréductible qu'entre la lumière et les ténèbres. Elle rejette tout l'Ancien Testament, mais admet les Evangiles et les Epîtres de Saint Paul. Le monde devait finir par un cataclysme en tombant dans les abîmes de l'enfer. Le bien et le mal demeureront séparés à jamais par une barrière infranchissable.
L'église manichéenne avait été constituée par son fondateur de la façon suivante. A sa tête se trouvait douze apôtres ou maîtres, puis soixante-douze disciples ou évêques, des prêtres, des diacres, des moines ou élus, enfin les simples fidèles appelés auditeurs. Ceux-ci se réunissaient tous les dimanches pour réciter des prières, chanter des hymnes et entendre la lecture des textes sacrés.
http://perso.wanadoo.fr/spqr/manichei.htm
Voilà, j’espère avoir était claire et surtout correcte dans ces explications, à rectifier si besoin est.