:med03: Ils guerroient, les chevaliers d'Hastings, un jour, un an après, deux ans après, la guerre, on le sait ne se fait pas en un seul jour!
Un moine est, lui aussi, en guerre contre ses démons, il écrit pour évacuer, et voici un extrait du
Livre d'heuresque frère John a composé:
"Tierce - Heure des semailles
Le coq a déserté le clocher. Il m’a trahi et sous mon corps, la chaleur des pierres brûle jusqu’aux poils de mes génitoires en feu. L’enfer me guette si je ne trouve grâce dans cette bibliothèque. Jamais ces manuscrits n’aboliront le drame d’une vocation contrariée. J’ai vœu à écrire tout mon saoul, astres et luminaires, dites cela au monde du ciel et de la terre ! Je sème des mots, je recueille la tempête.
Suspendu entre deux pensées, pour calmer la soif qu’excitent mes douleurs, on me donne fiel de remords et cervoise d’Aphrodite. Mais les Muses aiment les voix qui alternent. Voix de sagesse, voix de folie ou d’orgueil, voix d’errance et de sorcerie, voix de doute, et voix de certitude, parfois.
Sexte - Heure du griffon en folie
A la sixième heure, parchemins et livres défilent toujours devant moi. Plus de danseuses nues, mais d’entre leurs pages s’envolent toutes sortes d’animaux fabuleux.
Mon désert intérieur prend vie, je parle aux chimères à boucles blondes, et d’ardents centaures caressent mon membre endormi, tandis qu’un rai de lumière transfigure mon visage d’homme hurlupé et en émoi. Adieu pelisson, gonne et tunique, adieu scapulaire, froc et chape noire, que se lève un vent nouveau sur mon corps vivifié!
None - Heure des femmes centaures
A la neuvième heure, appelant Elie, il recommanda son âme à son père.
D’un coup de lance, le Tentateur me perça le flanc. Dans les formes gibbeuses de femmes à la rousse crinière, mes mains se croisent pour prier. Dans leurs yeux de feu, plonge mon regard enamouré. De leurs sabots ferrés, elles piétinent chaque parcelle de mon corps, et leur chevelure d’ange m’enveloppe d’un linceul auquel je n’ose plus rêver.
Promis à la mort, pourquoi suis-je donc là, vivant ? John, mort-vivant, qui avec anges et démons se bat en vain. Que belles sont ces reines, lorsque de leur voix ensorceleuse, elles me bercent, et des limbes où je gisais, elles me sortent."
Les femmes, de leur côté, prendront la parole une autre fois, si ça vous dit... 