J'irais même plus loin.
Les combattants, même gauchers, devaient tenir leur arme à une main de la main droite. D'ailleurs une courte arme d'estoc ne porte-t-elle le nom de « main gauche », soulignant justement la spécificité de cette arme ? Il s'agit d'une dague que l'on tenait de la main gauche au combat à l'épée et qui servait alors à parer et aussi à porter une estocade à l'adversaire
(1).
Dans la langue augurale, langue des augures encore pratiquées au Moyen Age à travers l'astrologie - l'empereur Frédéric Barberousse consultait Michel Scot pour l'astrologie -, le côté gauche ou senestre - maladroit, fâcheux, sinistre, funeste, côté obscur oserai-je dire

- s'oppose au côté droit ou dextre - adroit, favorable. Selon une croyance très répandue, la droite était associé à un sort heureux et le côté gauche à un sort malheureux
(2).
Or en montant un escalier dextrogyre - qui tourne vers la droite ; par opposition à levogyre, qui tournent vers la gauche -, l'assaillant qui se trouve généralement en bas de l'escalier, ne peut se protéger avec son bouclier qu'il tient de la main gauche - il faudrait qu'il se contorsionne - mais seulement de son arme qu'il tient de la main droite, contrairement au défenseur qui se situe en haut de l'escalier. Ce qui expose l'assaillant à un grand péril
(3) !
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(1) VIOLLET-LE-DUC Eugène,
Dictionnaire raisonné du mobilier, t. 2,
Armes médiévales offensives et défensives, Heimdal, Bayeux, 2004, article « Dague », p. 109.
(2) REY Alain (ss dir.),
Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1998, t. 1, « Dextre », p. 1069 et t. 3, « Senestre », p. 3458.
(3) Informations issues de visites multiples au château comtal de Carcassonne, où les escaliers en colimaçon des tours tournent vers la droite

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