je viens de lire un sujet sur le début de la psychiatrie à la suite des procès en sorcellerie ... les descriptions des "sorcières" sont édifiantes !!!
ainsi que les propos des medecins de l'époque chargés d'examiner ces pauvres femmes désignés coupable de tous les maux et de tous les fléaux..
http://ourworld.compuserve.com/homepage ... g/wier.htm
extrait :
IV LES EXPERTISES IMPROBABLES
Parfois les tribunaux ecclésiastiques qui disposaient dans leur rang des médecins comme Jean Wier, qui était archiatre, demandaient des consultations à des experts, docteurs en médecine. Mais ceux-ci étaient en général bien incapables de répondre et, soit prudence, soit conviction, tout en décrivant la débilité et la folie, admettaient l'oeuvre du Démon. "Quant aux tempéraments, le Diable attaque de préférence les complexions mélancoliques et timides, qu'il sait plus capables de céder à ses prestiges et ses manoeuvres effrayantes. Il s'en prend moins souvent aux constitutions sanguines qui annoncent un coeur ferme et un esprit intrépide, de même qu'aux tempéraments bilieux qui s'effraient difficilement". JACOB HORSTIUS "De Aureo Dente" 1525
PORTRAIT JURIDIQUE D'UN SORCIER
Pour nous représenter ce que l'on entendait par "sorcier" au XVIe siècle, nous disposons des textes du temps. Ils sont de quatre ordres:
1)- Les minutes des procès de sorcellerie: mais si ces procès ont été nombreux, la matière "maléfique" de ceux-ci incitaient souvent les tribunaux à brûler ces minutes après l'exécution des condamnés.
2)- Les textes spécialisés en démonologie.
3)- Les déclarations des "sorciers" soit au cours des procès, mais on sait quel en était le sort, soit spontanément, mais il est peu probable que les "manifestes" de sorcelleries aient été authentiques. Le danger, le caractère ésotérique des cérémonies ne les poussaient pas sur la place publique.
4)- Enfin, discutable, mais intéressante, est la croyance populaire.
Qui est sorcier ? Comme nous avons fait une distinction parmi les diverses formes d'interventions démoniaques, tentation, obsession et possession, il nous faut aussi distinguer les infestés, les obsédés et les possédés. A cette première discrimination s'ajoute celle de la responsabilité personnelle. Les premiers sont des victimes du malin directement ou par l'intermédiaire d'un de ses séides.
Ces derniers se partagent en SORCIERS et MAGICIENS. La distinction importante jusqu'au XIVe siècle disparaît au XVIème car de toutes façons le danger paraissait identique. Jean WIER dit que les sorciers sont "ignares et illettrés", les magiciens sont "gents doctes et avisés, mais curieux lesquels font de longs voyages pour apprendre l'art magique".
Portrait du sorcier (en fait de la sorcière tant la proportion de femmes est supérieur)
1. Elle est de fort méchant caractère et elle a des raisons pour cela parce qu'elle est vieille laide, difforme, stupide, pauvre, ruinée, dépouillée, cocue, envieuse et enfin ambitieuse.
2. Elle est sale. "le Diable défend de nous laver le matin" dit une sorcière (Mugeta).
3. Elle pue. Cette odeur est à la fois sui generis provenant selon Gorres d'une huile animale qui "s'engendre au fond de l'organisme au milieu des ardeurs impures qui les consument". Mystiques T.V. pp 181-2. Cette odeur est encore un compost de jusquiame, de datura, de sueur de cadavre et également due à un onguent. L'onguent évoqué par PARE, WIER et DE NYNAULD reste de composition inconnue. Aux éléments évoqués plus haut s'ajoutaient probablement l'axonge, l'hellébore et la graine de tournesol ainsi que le haschisch et le pavot (utilisé par les sorcières de Macbeth). On connaît par exemple la composition de "l'onguent populeum". La base est celle-ci: suc des feuilles et des branches de peuplier plus précisément une pommade composée de bourgeons de peuplier, de feuilles de jusquiame, de morelle noire, de pavot, d'axonge et d'alcool fort. Les médecins de l'époque définissaient très précisément la composition de ces onguents: J. de NINAULD, dans "De la lycanthropie, Transformation et Extase des sorciers" Paris 1615, en distingue trois variétés:
a) L'onguent qui donne l'illusion momentanée d'une métamorphose animale
b) L'onguent qui fait croire aux sorcières qu'elles vont au sabbat, mais qui agit uniquement sur l'imagination
c) L'onguent qui permet un transport véritable au sabbat autant que Dieu le permet.
De même WIER se moque-t-il des démonologues qui ne pouvaient se contenter d'observer de simples mélanges d'herbes et prétendaient y voir des ragoûts d'enfants.
Pierre de Lancre, dans "Tableau de l'Inconstance": "Il est évident que sorciers et sorcières pourraient s'envoler sans le moindre onguent. Mais Satan ajoute par méchanceté superflue, pour donner volonté et moyen aux sorcières de tuer force enfants, leur persuadant que sans cet onguent il n'est possible qu'elles se transportent au sabbat. Et veut qu'il soit composé de chairs d'enfants non baptisés afin que ces enfants innocents étant privés de vie par ces méchantes sorcières, ces pauvres petites âmes demeurent privées de la gloire du paradis".
Notons que les perquisitions domiciliaires effectuées n'aboutissaient qu'à la découverte d'épices, de drogues et d'herbes séchées.
4. Il est laid et il est difforme: "De la mauvaise physionomie d'un homme on peut tirer un indice contre lui suffisant pour l'appliquer à la question". Henri Boguet ou Bocquet Instruction art.35
Mais si les médecins du XVIème siècle, comme JEROME CARDAN ou JEAN WIER, savaient reconnaître la misère physiologique et mentale des accusées: "Pâles, défaites, folles et abruties, mélancoliques et radoteuses", les démonologues voyaient dans ces misères une certitude supplémentaire: "Cette femme dont le nom (elle se nommait Nécato) indiquait déjà les habitudes avait renoncé en quelque sorte à son sexe pour prendre la nature d'un homme ou plutôt d'un hermaphrodite. Elle avait en effet l'expression, le langage et le maintien d'un homme et encore d'un homme rude, d'un sauvage qui n'est jamais sorti de ses forêts. Elle avait de la barbe comme un satyre, des yeux petits profondément enfoncés dans leur orbite avec l'expression de férocité d'un chat sauvage étincelant et si terrible que les enfants et les jeunes filles qu'elle avait emmenées au sabbat et que nous confrontions avec elle ne pouvaient supporter son regard quoique par égard pour nous elle se donna toutes les peines du monde pour en adoucir la dureté naturelle. On croyait, en la regardant, reconnaître qu'elle était accoutumée à regarder cet objet épouvantable auquel elle avait emprunté la hideuse expression de ses traits". (Pierre de Lancre "De l'Incrédulité").
5. Il ou elle présente des perversions sexuelles comme la nymphomanie, le tribadisme, l'impuissance, la pédérastie, la bestialité ou bien des anomalies de morphologie sexuelle comme la monorchidie ou la cryptorchidie.
6. Il possède beaucoup d'animaux et chats noirs, mais aussi belettes, hérissons, serpents et crapauds. Rappelons que le jour de la Saint Jean, les rois mettaient le feu à des sacs contenant des chats.
7. Il a des marques. La recherche de ces marques donnaient lieu à des expertises médico-légales minutieuses. Certains étaient des spécialistes comme Jacques FONTAINE conseiller et médecin ordinaire du roi: "La flétrissure est indispensable et signe patent de sorcellerie, elle doit entraîner la peine capitale". Discours des marques des sorciers. Paris 1611. Quelles marques? Il était nécessaire de distinguer les marques diaboliques de leurs imitations morbides ou naturelles. Le médecin intervenait à ce niveau de l'expertise: "Je n'ai jamais vu aucune de ces marques, mais il n'y a pas de doute que le chirurgien est capable de dire en les voyant si elles sont ou non magiques". COTTON MATHER.
On pouvait voir trois sortes de marques:
1. Des défects: cheveux, poils, doigts, sang offerts au Démon.
2. Des cicatrices: à tous les endroits du corps: front, entre les deux sourcils, épaule, lèvre supérieure, sous les paupières, ou bien sous la langue, au nombril, au pourtour de l'anus, voire sur les viscères et les organes génitaux. Des autopsies étaient parfois demandées.
3. Des plaques d'anesthésie recherchées à l'aide d'un poinçon enfoncé profondément sur toutes les parties du corps.